Ce phoque appartient à la famille des phoques annelés, dont l'ancêtre, piégé par la fonte des glaces il y 9.500 années, est devenu un mammifère d'eau douce.
Victime de la pollution dans les années 60 et 70, il subit aujourd'hui le réchauffement climatique et surtout l'activité des pêcheurs.
Car lors de la période des naissances entre fin février et début mars, les femelles construisent un abri sur la glace avec de la neige afin de protéger leur progéniture.
"Lors des trois derniers hivers, la glace et la neige sont arrivées tard ou ont fondu plus tôt, ce qui a empêché les femelles de construire leurs abris et contraint les bébés phoques à devoir survivre sans protection", explique Jari Luukkonen, directeur de la conservation à WWF Finlande.
Ainsi, beaucoup de nouveaux-nés sont morts peu après leur naissance et le nombre de phoques de Saimaa a diminué.
Les filets de pêcheurs amateurs constituent l'autre piège mortel pour les jeunes phoques, lorsqu'ils apprennent à aller chercher seuls leur nourriture.
"L'étranglement dans les filets est la première cause de mortalité imputée à l'homme. Si l'on s'en débarrasse, le phoque du Saimaa pourra très probablement survivre au changement climatique", explique M. Luukkonen.
Des statistiques de l'agence finlandaise Metsaehallitus montrent que le nombre de phoques de Saimaa était en augmentation de 1990 à 2005, passant de 189 à 280, avant de retomber à 260 ces dernières années.
Cinquante à soixante phoques naissent tous les ans mais 30% d'entre eux meurent la première année.
Une loi temporaire, instaurant des restrictions sur la pêche dans le lac Saimaa, devrait être prolongée en mai 2009. Le texte est actuellement soumis à un groupe de travail, mis en place par le ministère de l'Agriculture et des forêts pour trouver un compromis.
"La dernière fois que nous avons révisé cette loi, les défenseurs de la nature jugeaient les restrictions insuffisantes, alors que les pêcheurs les trouvaient trop sévères", rappelle Roni Selen, de ce ministère, avançant que l'Union européenne pourrait surveiller de près les mesures prises par la Finlande pour protéger le phoque de Saimaa.
"Si cela devait arriver, nous aurons probablement plus de pression et de sanctions de Bruxelles", suppute-t-il.
Or, parmi les propriétaires terriens possédant certaines parties du lac, peu semblent disposés à changer leurs habitudes de pêche pour sauvegarder l'espèce.
Au printemps, WWF, le gouvernement finlandais et des associations de pêche, ont conjointement exhorté les pêcheurs à suspendre l'utilisation de filets de la mi-avril à la mi-juin, période d'apprentissage de la nage et de la plongée des jeunes mammifères.
L'Association finlandaise pour la conservation de la nature leur a également proposé d'échanger leurs filets contre des pièges à poissons, moins nocifs.
Mais "nous préférons que les pêcheurs fassent des efforts de leur propre initiative plutôt que de les contraindre par la loi", souligne Vesa Karttunen de la Fédération finlandaise des associations de pêche.
Il note en outre que "la pêche au filet est d'ailleurs en train de disparaître, les usagers de cette méthode vieillissant".
Pour Niko Ovaska, pêcheur professionnel sur le lac de Saimaa, les restrictions de pêche sont un faux débat, estimant qu'elles n'ont pas gêné son travail.
"Restreindre la pêche est bien sûr un problème à double tranchant, dit-il. Mais nous devons garder en tête que le phoque va disparaître si nous ne faisons rien".