AISNE. Lâchés par les Américains à Laon en 1966, les ratons laveurs prolifèrent dans le département et même ailleurs. Une présence qui pose des problèmes selon les chasseurs.Il ressemble à une peluche mais prolifère et prendrait la place d'autres espèces…LES légendes prennent quelquefois du plomb dans l'aile. De nombreux textes et commentaires racontent que les ratons laveurs des troupes américaines ont été lâchés dans la nature de la base de Laon-Couvron en 1966.
Pascal Liénard, technicien à la Fédération de chasse, qui suit les bestioles à la trace, corrige ce récit. « Il n'y avait pas d'animaux dans le camp militaire. Ils ont été libérés de la Cité Marquette. » Ce quartier, situé dans le bas de la ville préfectoral, existe toujours. C'est donc de là que sont partis ces compagnons symbolisant pour les familles américaines leur pays lointain. L'histoire mentionne également le largage dans la nature de quelques serpents… mais c'est un autre chapitre.
Mille tués chaque annéeCombien de ratons laveurs ont découvert la liberté à Laon à l'époque ?
Aucun chiffre n'est avancé. Pascal Liénard penche pour quelques individus à poils, « Au maximum, quelques dizaines ».
Il y a au moins une certitude, les ratons laveurs, considérés comme nuisibles, sont devenus très nombreux.
Un millier d'entre eux sont d'ailleurs tués dans l'Aisne chaque année. La plus grosse densité de l'espèce se trouve toujours dans les zones boisées du Laonnois et à Laon même, accueillant de nombreuses surfaces vertes comme la cuve Saint-Vincent. Mais les ratons sont d'excellents voyageurs. Leur extension est signalée dans le sud de l'Aisne mais aussi dans l'Oise, la Marne et le Nord.
Pour se déplacer, peut-être ont-ils retenu les leçons de camouflage de leurs anciens maîtres, militaires américains… Ils empruntent des corridors naturels, des bois.
« Au départ d'une région, ils ne cessent de s'étendre. C'est une colonisation de l'espèce », raconte Pascal Lienard qui veut tordre le cou à l'image du raton, sympathique et inoffensif. « Il est très combatif », dit-il en soulignant que le renard prend la précaution de ne pas lui chercher les poux !
Sa force est liée à son alimentation. C'est un bec à tout grain. Carnassier, herbivore, il déguste des grenouilles après une entrée formée par des détritus de sacs poubelle. « Hormis l'homme, il n'a pas de prédateur. Ce qui le tue, c'est la route, le piégeage et la chasse », indique le technicien. Il insiste : « C'est un intrus dans la faune de France et un concurrent à d'autres espèces comme la martre ou même les rapaces nocturnes. »
Le débat est lancé. Quel avenir pour les ratons laveurs ?
Thierry de LESTANG PARADE