ARRAS (AFP) - La profanation de plus d'une centaine de
tombes musulmanes dans un cimetière militaire du nord de la France a
provoqué dimanche émotion et indignation, le président Nicolas Sarkozy
dénonçant un acte relevant du "racisme le plus inadmissible qui soit".
Les
inscriptions découvertes dimanche matin dans le cimetière Notre-Dame de
Lorette, près d'Arras, "visent directement l'islam et elles insultent
gravement Rachida Dati", la ministre de la Justice, d'origine
maghrébine, a indiqué à l'AFP le procureur de la République d'Arras,
Jean-Pierre Valensi.
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"Une tête de porc a même été pendue à l'une
des tombes", a ajouté le procureur, qui a fait état de 148 tombes
profanées dans la nuit de samedi à dimanche.Cette profanation intervient presque un an après des faits similaires dans le même cimetière.Dans
la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes du carré musulman avaient été
couvertes d'inscriptions nazies, de croix gammées et celtiques. Des
graffitis "Heil Hitler" et "Skinhead is not dead" avaient été aussi
retrouvés sur l'un des ossuaires du cimetière."Cet acte relève
du racisme le plus inadmissible qui soit et le président de la
République partage la douleur de toute la communauté musulmane de
France", a déclaré dimanche la présidence dans un communiqué, qui fait
état de 136 tombes profanées.M. Sarkozy "souhaite être tenu
informé des suites de l'enquête judiciaire qu'il espère rapides afin
que les auteurs de cet acte soient punis comme ils le méritent",
poursuit le texte.Le Premier ministre François Fillon,
tout comme la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, a également
exprimé son "indignation" et "condamné avec la plus grande fermeté" ces
actes.De son côté, le parti socialiste a fait part de sa "colère
et de son indignation" et demandé une "enquête efficace suivie de
sanctions exemplaires".Dimanche matin, une centaine de gendarmes
se trouvaient sur place, pour effectuer notamment des relevés, et
l'accès au site était interdit au public et aux journalistes.Des représentants de la communauté musulmane ont cependant pu accéder au carré."C'est
honteux de voir cela. Quand il n'y a plus de respect c'est une
catastrophe", a déclaré à la presse la président régional du culte
musulman Bahssine Saaidi. "On se doit de travailler ensemble" pour
"arrêter ce problème de racisme", a-t-il ajouté.L'émotion était
également très forte parmi les gardes d'honneur du cimetière. "C'est
l'horreur, pour le 90e anniversaire de la fin de la guerre 1914-1918.
C'est encore pire que la dernière fois, c'est épouvantable, c'est
quelque chose qu'on ne pouvait pas imaginer", a confié l'un d'eux,
Jean-Paul Doué, 54 ans."C'est inadmissible, invraisemblable", a
déclaré de son côté le conservateur du musée de la nécropole, David
Bardiaux, en ajoutant : "Le cimetière n'est pas fermé, il n'y a pas
besoin d'être courageux pour venir faire ça".A la suite de la
première profanation, deux jeunes hommes de 18 et 21 ans avaient été
condamnés à deux ans de prison, dont un ferme, et un mineur de 16 ans à
sept mois de prison dont cinq mois et demi avec sursis.Inauguré
en 1925, le cimetière est un immense jardin de 13 hectares, planté de
croix. Le lieu commémore notamment des combats meurtriers de 1915, à
l'un des endroits les plus disputés du front occidental au début de la
Première Guerre mondiale.Quelque 40.000 soldats y reposent, dont
20.000 dans des tombes individuelles. Le carré musulman compte 576
tombes, orientées vers La Mecque.