Découverte d’une grenouille sans poumons
NOUVELOBS.COM | 09.04.2008 | 14:52
Dans la jungle de Bornéo vit une énigmatique grenouille : dépourvue de poumons, elle respire grâce à sa peau. C’est le premier spécimen de ce type jamais découvert.
La première grenouille sans poumons a été découverte à Bornéo. Credit: David BickfordBarbourula kalimantanensis est une petite grenouille toute plate d’à peine 2cm de long. Elle vit dans les profondeurs de la forêt pluviale de Kalimatan, la partie indonésienne de Bornéo, à proximité des rivières qui sillonnent les étendues arborées. Le premier, et longtemps unique, spécimen de cette espèce a été découvert il y a trente ans mais n’avait jamais été disséqué, les scientifiques ne voulant pas endommager ce précieux échantillon.
Du coup, des chercheurs curieux d’en apprendre plus sur cette bébête ont du partir à la chasse à la grenouille dans les recoins de Bornéo. Et ce ne fût pas une simple affaire ! Onze personnes ont bataillé pendant plus de deux semaines avant d’apercevoir l’insaisissable créature. Après moult efforts, ils ont réussi à en capturer quelques-unes et ont pu les examiner.
Et là surprise ! La grenouille en question est dépourvue de poumons : à leur place siègent les organes normalement situés dans l’abdomen (estomac, rate et foie) et les chercheurs ont également trouvé des anomalies cartilagineuses.
Barbourula kalimantanensis respire donc uniquement à travers sa peau. Selon eux la perte des poumons est un phénomène adaptatif, les grenouilles vivent près de rivières agitées par de violents rapides et pour les traverser elles ont besoin de passer en profondeur, sous l’eau, or des poumons pleins d’air c’est un peu comme une grosse bouée : impossible de plonger. D’autres part, les grenouilles sont des animaux à sang froid, elles n’ont pas les mêmes besoins énergétiques que les mammifères ce qui fait qu’elles peuvent se contenter d’une respiration épidermique.
D’autres études seront nécessaires pour appréhender complètement les mécanismes qui ont conduit à la perte des poumons. Pour cela, il faudra trouver d’autres spécimens. Ce qui est loin d’être garanti compte tenu de la rapide dégradation de l’écosystème de Bornéo dont les rivières sont empoisonnées par les métaux toxiques rejetés par l’industrie minière.