Le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain s'est trouvé un nouveau héros en "Joe le plombier", érigé en symbole du petit entrepreneur menacé par une présidence démocrate, mais des révélations embarrassantes commencent à affluer sur l'intéressé.
Mercredi soir, au cours du dernier débat télévisé qui l'opposait à M. Obama, John McCain a cité à plus de 20 reprises le cas de Joe Wurzelbacher, "Joe le plombier" comme il l'a surnommé, devenu en l'espace de 90 minutes une espèce de héros national, symbole de l'Américain moyen qui travaille dur.
Jeudi, en meeting en Pennsylvanie (est), M. McCain est longuement revenu sur l'histoire de "Joe". "Joe est l'homme" du débat, a-t-il dit tandis que ses partisans chantaient: "Joe! Joe! Joe!".
"Il a gagné (le débat) et les petits entrepreneurs d'Amérique ont gagné parce que les Américains ne veulent pas laisser le sénateur Obama augmenter leurs impôts dans une situation économique difficile. Ils ne vont pas le laisser faire mes amis", a dit M. McCain.
La campagne républicaine a lancé jeudi un nouveau spot publicitaire intitulé "Joe le plombier" mettant en vedette M. Wurzelbacher lorsqu'il a interpellé dimanche M. Obama en marge d'un meeting, en lui disant: "votre plan va me faire payer plus d'impôts".
En perte de vitesse dans les sondages à 19 jours de l'élection présidentielle, les républicains comptent sur Joe pour renverser la vapeur.
Mais Joe n'est peut-être pas le modèle à citer en exemple.
La presse américaine a révélé jeudi que "Joe le plombier" traîne plusieurs casseroles.
Joe Wurzelbacher n'a pas le droit d'exercer le métier de plombier, a ainsi relevé le Toledo Blade, un quotidien de l'Ohio (nord) où il réside.
Le journal a également noté que Joe était en délicatesse avec le fisc, qu'il avait voté républicain lors des primaires et que, contrairement à ce que Joe lui-même avait affirmé, le plan fiscal du démocrate Barack Obama lui serait plutôt favorable.
"+Joe le plombier+ n'est pas plombier ou du moins n'a pas le droit d'exercer ce métier", écrit le Toledo Blade.
Une licence est nécessaire pour exercer le métier de plombier dans le comté où réside M. Wurzelbacher. Or, ni lui, ni son employeur ne possèdent cette licence.
Joe n'appartient pas au syndicat des plombiers et n'a jamais suivi d'apprentissage en plomberie.
M. Wurzelbacher est par ailleurs inscrit sur les listes électorales comme républicain et a d'ailleurs participé aux primaires républicaines organisées dans l'Ohio en mars.
En 2006, relève le Toledo Blade, Joe a déclaré des revenus de 40.000 dollars au fisc ce qui le rendrait éligible à une baisse de son imposition si le plan fiscal de M. Obama était appliqué.
Interpellant le candidat démocrate, en marge d'une réunion à Toledo, M. Wurzelbacher avait expliqué qu'il comptait racheter l'entreprise où il travaillait, qu'il allait gagner plus de 250.000 dollars et que le plan fiscal de M. Obama allait pénaliser son "dur labeur". Il avait qualifié ensuite ce plan de "socialiste".
Interrogé sur plusieurs chaînes de télévision jeudi, "Joe le plombier" a comparé le candidat démocrate à "un danseur de claquettes", "presque aussi bon que Sammy Davis Jr.".
Concernant le fisc, "Joe le plombier" n'a pas réglé la totalité de ses impôts et le Trésor a placé une hypothèque de plus d'un millier de dollars sur ses biens.
Dans d'autres entretiens diffusés jeudi à la télévision, M. Wurzelbacher a qualifié le régime public de retraite américain de "farce", a défendu la guerre en Irak et s'est dit "fatigué" de ceux qui disent du mal des Etats-Unis, "le plus grand pays au monde" qui "n'a pas à s'excuser".