Une infirmière est en garde à vue depuis mercredi soir après le décès d'un enfant de trois ans à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris (XIVe), a indiqué jeudi à l'AFP la préfecture de police.
L'enfant, admis au service de réanimation de l'établissement, est décédé mercredi vers 20h00, avait indiqué dans la nuit de mercredi à jeudi à l'AFP une porte-parole de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). "Il semblerait que ce décès soit lié à une erreur dans l'administration d'un médicament", a-t-elle ajouté, précisant qu'"une enquête est ouverte".
La femme, dont l'âge n'a pas été précisé, a été placée en garde à vue dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) chargée de l'enquête par le parquet de Paris. Sa garde à vue a débuté mercredi à 23h00 et il n'est pas possible de dire avant la fin de la journée si elle sera renouvelée, selon une source policière.
"Le Parquet prendra sa décision ce soir", a-t-on ajouté de même source.
L'enquête a été confiée à la police judiciaire.
La direction de l'AP-HP a déclaré jeudi matin qu'elle avait "demandé un audit interne pour comprendre les circonstances de ce drame".
La garde à vue de l'infirmière paraît "disproportionnée" à partir du moment où l'hypothèse avancée est celle d'une faute non intentionnelle, a estimé jeudi un responsable de la CGT-santé.
"Quand il y a une erreur, il faut la reconnaître, même si elle est dramatique. Le professionnel doit assumer les conséquences, c'est pour ça qu'on a des assurances et les familles ont droit à réparation", a déclaré à l'AFP le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, qui fait aussi partie de l'Amuf présidée par Patrick Pelloux.
"Cependant - et je ne parle pas particulièrement de Saint-Vincent de Paul - aujourd'hui, du fait de la tension qui existe dans les hôpitaux, liée notamment au manque d'effectifs et à la dégradation des conditions de travail, on peut prévoir que ce type d'accident, qui devrait rester exceptionnel, risque de se multiplier", a-t-il regretté.
Concernant l'infirmière gardée à vue depuis mercredi soir, "à partir du moment où l'erreur n'est pas intentionnelle, la garde à vue est disproportionnée", a-t-il considéré.
"Traiter les gens comme des délinquants, quand l'erreur est intentionnelle, parce que la personne a fait n'importe quoi, c'est une chose. Mais quand la personne est de bonne foi - elle s'est trompée, comme ça peut arriver à n'importe qui -, c'est normal qu'elle soit auditionnée par la police et qu'ensuite la justice fasse son travail, mais de là à la mettre en garde à vue...", a-t-il ajouté.
Selon M. Prudhomme, dans ce genre d'affaires, "il y a des condamnations. Mais je n'ai pas souvenance, pour des erreurs non intentionnelles, de gens qui aient été condamnés à de la prison ferme", a-t-il encore dit.
La mort du petit Ilyès: "le flacon" perfusé à l'enfant n'était pas à sa place
Le flacon de chlorure de magnésium, qui aurait provoqué la mort du petit Ilyès, lors d'une perfusion à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris, XIVe) n'était pas à sa place, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
L'infirmière de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (XIVe) soupçonnée d'avoir causée la mort d'Ilyès, un enfant de 3 ans, en raison d'une erreur de perfusion, a été mise en examen pour "homicide involontaire" et placée sous contrôle judiciaire avec interdiction provisoire d'exercer.
Cette frêle jeune femme blonde de 35 ans est sortie livide du cabinet de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy. Elle était accompagnée du directeur de l'hôpital et d'un psychiatre et entourée de ses parents. Son avocate n'a pas souhaité s'exprimer.
L'infirmière avait été déférée dans l'après-midi au pôle santé publique du tribunal de Paris pour y être présentée à la juge d'instruction en vue de son éventuelle mise en examen.
Le parquet, qui avait ouvert en fin d'après-midi une information judiciaire, avait requis son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul et d'entrer en contact avec les personnels.
La juge a retenu ces demandes, allant au-delà en interdisant provisoirement à la jeune femme d'exercer sa profession.
La victime, un petit garçon prénommé Ilyès, avait été conduit mercredi matin par ses parents au service pédiatrique de l'hôpital pour une angine. L'enfant est décédé à 20H45 en réanimation après une subite aggravation de son état.
L'infirmière a reconnu lui avoir administré par erreur une perfusion du chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé destiné à le réhydrater, ce qui pourrait avoir provoqué un arrêt cardiaque.
Il s'agit d'une soignante expérimentée qui exerce depuis onze ans, dont quatre dans l'établissement, a précisé une source judiciaire.
Placée mercredi en garde à vue à 23H00, elle avait vu sa garde à vue reconduite de 24 heures jeudi soir.
L'enquête judiciaire devra déterminer le rôle exact du produit incriminé dans la mort de l'enfant et les circonstances dans lesquelles l'erreur de manipulation à pu se produire.
Selon le parquet, si le chlorure de magnésium n'est pas un produit dangereux en soi, il pouvait l'être pour un enfant de cet âge avec un goutte à goutte réglé sur la base du produit initialement prévu.
Mais selon une source proche du dossier, "aucune conclusion médicale ne peut être établie" pour le moment.
Jeudi, le père du petit IIyès a reproché à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez vite alors que son fils était "en train de mourir".
Pour l'oncle de l'enfant, "on ne peut pas mettre tout sur le dos de cette pauvre dame (...) tous les responsables soient punis".
L'alerte après le constat de l'aggravation de l'état du petit Ilyès "a été donnée extrêmement rapidement" et "tout ce qui devait être fait a été fait", a répondu devant la presse Roselyne Vasseur, coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP).
Dominique Giorgi, secrétaire général de l'AP-HP, a pour sa part indiqué que "l'encadrement médical et paramédical était tout à fait adapté en ce 24 décembre".
Jeudi, la garde à vue de l'infirmière avait été jugé "disproportionnée" par plusieurs syndicats hospitaliers qui ont dénoncé une dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux du fait d'un manque d'effectif.
"C'est les lampistes à chaque fois qu'on met en avant", avait estimé pour sa part Patrick Pelloux, président du syndicat des médecins urgentistes Amuf, en demandant la démission de Mme Bachelot.
La ministre de la Santé a réagi vendredi sur Europe 1 en regrettant "la récupération d'un drame aussi épouvantable".
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a jugé que "cette tragédie (confirmait) la nécessité de renforcer les conditions de fonctionnement de l'hôpital public".