PARIS - Les organisations environnementales WWF et FNE ont salué jeudi la décision de Nicolas Sarkozy de ne pas donner suite au projet d'exploitation d'une mine d'or située à Roura (Guyane). Alors que la branche française du WWF jugeait ce projet "incompatible avec la conservation de l'intégrité d'un site phare de la biodiversité de la forêt tropicale guyanaise", la fédération France Nature Environnement salue "un non qui vaut de l'or".
L'Elysée avait annoncé mercredi soir que le président avait "décidé de ne pas donner une suite favorable au projet" de Camp Caïman, piloté par le groupe canadien IamGold/Cambior sur la montagne de Kaw, après avoir pris connaissance du rapport de mission et entendu les ministres concernés.
"Il est apparu que le site de la montagne de Kaw est doté d'une richesse biologique exceptionnelle, et peut même être considéré comme un sanctuaire naturel. Malgré la qualité du projet du groupe IamGold, ce projet ne peut être conduit à un tel endroit", a précisé le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, selon un communiqué de son ministère.
Depuis 2005, des habitants, des riverains et des élus locaux étaient mobilisés contre ce projet qui aurait eu "des répercussions néfastes sur les paysages, les écosystèmes et les nombreuses espèces végétales et animales, dont l'emblème de la Guyane, le coq de Roche, et présentait des risques non négligeables pour la population", souligne FNE.
Disant souhaiter une exploitation des ressources aurifères "compatible avec la préservation des richesses de biodiversité de la Guyane", où il se rendra les 11 et 12 février, M. Sarkozy a demandé qu'un schéma départemental d'orientation minière et d'aménagement soit réalisé "dans les plus brefs délais". Ce schéma "permettra de délivrer des autorisations d'exploitation dans des conditions acceptables par tous".
"Il s'agit là d'une mesure répondant à une attente que le WWF France a depuis longtemps exprimée", se félicite l'ONG dans un communiqué. Au delà de ce projet légal, le WWF France tient par ailleurs à souligner que "la menace majeure pour la biodiversité et la santé des populations humaines demeure l'orpaillage illégal", espérant qu'une rencontre entre M. Sarkozy et son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva permettra de "renforcer la lutte contre ce fléau".
Pour la FNE, une fédération regroupant environ 3.000 associations de défense de l'environnement, ce non élyséen "est le premier jalon pour mettre un terme à la fièvre de l'or qui ronge la Guyane depuis si longtemps, au détriment de la nature et de ses habitants". AP
mw/com