JOHANNESBURG (AFP) - L'Afrique du Sud a levé lundi un moratoire sur l'abattage des éléphants après 13 ans de répit qui ont permis un doublement de la population de ces pachydermes destructeurs pour leur environnement.
Après des années de consultations, le ministre de l'Environnement, Marthinus van Schalkwyk, a annoncé que l'abattage pourrait reprendre à partir du 1er mai.
"Notre ministère a reconnu l'importance de conserver l'abattage comme mesure de contrôle de la population, mais a pris des mesures pour faire en sorte que ce soit une option de dernier recours", a-t-il dit dans un communiqué.
Les éléphants africains, dont la survie était menacée dans les années 1980 par le braconnage, ont été sauvés en 1989 quand le commerce international de l'ivoire a été interdit.
L'adoption en 1995 par le gouvernement de Pretoria d'un moratoire sur leur abattage a levé la dernière menace pour ces animaux, qui sont passés depuis de 8.000 à 18.000 en Afrique du Sud.
Aujourd'hui, leur surpopulation "crée des inquiétudes pour le paysage, la viabilité des autres espèces, les conditions de vie et la sécurité des personnes qui habitent dans leur champ d'action", a estimé le ministre van Schalkwyk.
Le Fonds mondial pour la vie sauvage (WWF) a reconnu que les éléphants, dont la population croit de 6% par an puisqu'ils ne peuvent être attaqués par aucun prédateur après l'âge de 15 ans, étaient devenus un danger pour leur habitat.
"Nous ne sommes pas ravis à l'idée de devoir abattre des éléphants, mais il faut bien reconnaître que c'est un outil de contrôle de leur population", a déclaré à l'AFP Rob Little, directeur des programmes de conservation du WWF.
"Autrefois, ils pouvaient migrer dans de grands espaces mais aujourd'hui, ils sont confinés dans des barrières artificielles", a-t-il justifié. "Ils consomment de telles quantité de végétation qu'ils ont la capacité de changer le paysage."
"Nous aimons les éléphants, ils sont une image charismatique de l'Afrique, mais on ne peut pas autoriser une espèce à altérer notre capital naturel."
Conscient de "l'admiration et de l'affection" que suscitent les éléphants, le ministre van Schalkwyk a présenté des "normes et standards" qui encadrent strictement l'abattage.
Avant d'y recourir, toutes les autres options -- modifications de leur terrain pour faire migrer les pachydermes, déplacements forcés ou contraception -- devront avoir été exclues par un professionnel des écosystèmes.
Et le responsable de chaque parc ou réserve souhaitant appliquer cette mesure devra rédiger un plan d'action avec un spécialiste des éléphants et obtenir l'aval des autorités.
"Nous n'avons aucune estimation du nombre d'éléphants qui pourront être concernés parce que tout dépendra du plan avancé par chaque parc", a assuré Riaan Aucamp, porte-parole du ministre.
Le Fonds international pour le bien-être des animaux (IFAW) a réagi avec mesure à cette annonce.
"En aucune manière nous ne sommes favorables à l'abattage mais, si cela doit avoir lieu, autant que ce soit dans un cadre très précis", a commenté une porte-parole d'IFAW, Christina Pretorius.
Selon elle, la plupart des pays d'Afrique australe sont confrontés au problème d'un accroissement hors de contrôle de leur population d'éléphants, estimée à 300.000 pour toute la région.
"Il est très probable qu'une partie d'entre eux surveillent ce qui se passe en Afrique du Sud pour en tirer des leçons", a-t-elle ajouté.
Le Zimbabwe, qui abrite 100.000 éléphants, a annoncé il y a quelques mois qu'il entendait également reprendre l'abattage, mais n'a pas encore mis cette mesure à exécution.