KINSHASA (AFP) - Quatorze éléphants ont été abattus depuis le 14 avril dans le parc national des Virunga situé dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé jeudi l'ONG de protection de la faune Wildlife Direct, qui met en cause la libéralisation du commerce de l'ivoire.
Selon l'Institut congolais de conservation de la nature (ICCN), cité par un communiqué de Wildlife Direct, quatre éléphants ont été tués par des rebelles hutus rwandais des FDLR, cinq par les Forces armées congolaises (FARDC), trois par des éléments de la milice locale Maï Maï Pareco et deux par des villageois.
"C'est le mois le pire que nous enregistrons depuis longtemps en terme d'abattage d'éléphants", a déclaré Alexandre Wathaut, directeur de l'ICCN dans la province du Nord-Kivu, où se trouve le parc national des Virunga.
L'ICCN a interpellé les autorités militaires congolaises ainsi que les groupes armés pour "mettre fin à ce massacre". "Nous appelons la communauté internationale à s'engager dans la résolution des problèmes politiques de la région, pour la sécurité des populations et pour la faune sauvage unique des Virunga", a ajouté M. Wathaut.
Pour Emmanuel de Merode, directeur de Wildlife Direct, "la recrudescence des tueries d'éléphants dans les Virunga s'inscrit dans le cadre de massacres à l'échelle du bassin du Congo", alimentés notamment par "la libéralisation du commerce de l'ivoire, sous pression sud-africaine, et la présence accrue d'opérateurs chinois sur le terrain, qui répondent à une demande massive en ivoire dans leur pays".
Pour l'ONG, la levée ce jeudi d'un moratoire de 13 ans sur l'abattage des éléphants en Afrique du Sud vient nourrir les inquiétudes quant à une relance importante du commerce légal de l'ivoire, susceptible d'encourager les trafics.
En RDC, le Nord-Kivu est depuis des années le théâtre de conflits entre armée, milices locales et étrangères. Un cessez-le-feu signé en janvier par tous les groupes armés congolais de la région est violé presque quotidiennement et d'importantes parties de la province sont sous contrôle de milices.
Classé au patrimoine mondial par l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), le parc des Virunga ne comptait plus en 2006 que 350 éléphants, contre 3.500 en 1959, selon Wildlife Direct.
Ce parc, qui compte de nombreuses espèces rares et protégées, abrite plus de la moitié des quelque 700 derniers gorilles des montagnes encore en liberté - qui vivent à cheval entre l'est de la RDC, le Rwanda et l'Ouganda voisins.
Au total en 2007, dix gorilles des montagnes ont été tués et deux portés disparus.