Banderole injurieuse: la justice met trois premiers supporteurs hors-jeu 04
avril 18:54 - PARIS (AFP) - La justice a mis hors-jeu trois supporteurs
du Paris SG, dans l'attente d'autres interpellations, qui ont reconnu
vendredi leur implication à des degrés divers dans l'affaire de la
banderole insultant les gens du Nord lors de la finale de la Coupe de
la Ligue Lens-PSG (1-2).
Capture d'écran d'I-télé montrant la banderole anti-Ch'tis lors de PSG-Lens au Stade de France, le 29 mars 2008
AFP/Archives -
Le procureur de Bobigny François Molins a ouvert vendredi une
information judiciaire pour "provocation à la haine ou à la violence
lors d'une manifestation sportive" contre trois suspects placés en
garde à vue jeudi, et "contre tous les autres" susceptibles d'être
impliqués.
"D'autres acteurs restent à identifier", a en effet indiqué M. Molins lors d'une conférence de presse.
Parmi les trois hommes déférés vendredi après-midi devant le parquet
de Bobigny, l'un reconnaît avoir participé au transport et au montage
de la banderole (11 morceaux de 5 mètres ont été retrouvés au total
dans la tribune Sud), et les deux autres ont reconnu avoir participé ou
assisté à la confection puis au transport de la banderole. Le parquet
suppose qu'il y a eu au moins onze porteurs.
Le parquet a requis leur placement sous contrôle judiciaire avec
interdiction de rencontrer d'autres supporteurs et d'entrer dans une
enceinte sportive.
Le plus âgé, 28 ans, a affirmé être "membre du bureau des Boulogne
Boys", plus grosse association des supporteurs du PSG, où il serait
entré en 1999, selon ses déclarations rapportées par le procureur.
Les deux plus jeunes, âgés de 20 ans, ont assuré être des
"Indépendants", ces supporteurs non-encartés souvent considérés comme
les plus violents et les plus incontrôlables, évoquant aussi des liens
avec un autre groupe baptisé "Milice Paris".
L'un des trois suspects s'est présenté lui-même jeudi aux enquêteurs. Les deux autres ont été interpellés à leurs domiciles.
Les supporteurs du PSG de l'association Boulogne Boys lors du match contre Strasbourg le 2 avril 2008 à Paris
AFP/Archives - Mehdi Fedouach
Il s'agit "de personnes bien insérées socialement", selon M. Molins,
étudiants ou travailleurs, "dépassés par la tournure des événements".
"Ils ont exprimé des regrets" tout en minimisant la gravité de leurs
actes, "considérant qu'ils n'ont pas fait beaucoup plus" que ce qui se
ferait dans d'autres stades, a-t-il ajouté. Ils ont fait par le passé
l'objet d'interdictions de stade temporaires, a précisé le magistrat.
Les faits présumés sont passibles d'un an d'emprisonnement, 15.000 euros d'amende et trois ans d'interdiction de stade.
L'enquête a connu un tournant dès jeudi soir avec une perquisition
"aux abords" des locaux des Boulogne Boys, où des traces de peinture
noire ont été trouvées, ainsi que les contours d'un pochoir avec la
mention "Ch'Tis" sur le sol, a affirmé le procureur.
Interrogé sur la responsabilité directe des "Boulogne Boys", le
procureur a renvoyé cela à l'appréciation des deux juges d'instruction
désignés dans ce dossier.
La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a répété mercredi
à l'Assemblée nationale qu'elle n'hésiterait pas à dissoudre les
groupes de supporteurs qui seraient impliqués dans cette affaire. La
menace devient palpable pour les "Boulogne Boys", en tant
qu'association. En revanche, les "Indépendants" sont insaisissables,
n'ayant aucune existence en tant que groupe.
Samedi soir au Stade de France, lors de la finale de Coupe de la
Ligue remportée par le Paris Saint-Germain face à Lens (2-1), la
banderole déployée dans la tribune réservée aux "Boulogne Boys" avait
été recouverte pendant trois minutes par un autre calicot: "Pédophiles,
chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Ch'tis", en référence au film
à succès de Dany Boon.
Cette banderole avait suscité une vague d'indignation sans précédent
autour d'une banderole injurieuse déployée dans un stade de football en
France, de la la plainte déposée par le maire PS de Lens, Guy Delcourt,
à l'indignation exprimée par les instances sportives et au plus niveau
de l'Etat. Une délégation nordiste avait même été reçue mardi à
l'Elysée par le président Nicolas Sarkozy.