Les grands oiseaux et les grands mammifères qui peuplent les Alpes au niveau des domaines skiables sont menacés par les activités sportives et leurs infrastructures", a expliqué à l'AFP le professeur Raphaël Arlettaz de l'université de Berne, qui a conduit l'étude comparant la population du tétras lyre dans une trentaine de secteurs des Alpes vaudoises et valaisannes.
Ce petit coq de bruyère a été choisi par les chercheurs de l'université de Berne et de la Station ornithologique suisse car son habitat à la limite des forêts entre 1.600 et 2.300 mètres d'altitude correspond à l'emplacement de la majorité des remontées mécaniques. Il est en conséquence l'espèce "la plus vulnérable" aux sports d'hiver, selon les chercheurs.
"Dans les Alpes de Suisse occidentale, les activités sportives générées par les installations de ski affectent 44% de la surface de l'habitat du tétras lyre", souligne l'étude.
Par endroit, "les effectifs du tétras lyre sont réduits de 49%" par rapport à des zones équivalentes naturelles, sans infrastructure sportive, précise-t-elle ajoutant que "plus la densité de téléskis est importante dans une zone donnée, moins les coqs de bruyère sont abondants". L'impact est ressenti jusqu'à 1.500 mètres des infrastructures.
Au total, "les Alpes valaisannes et vaudoises ont perdu au moins 15% de leurs effectifs de tétras en raison du seul développement des stations de sports d'hiver", résument les scientifiques qui expliquent cette déperdition par le "stress" engendré par la présence humaine durant tout l'hiver.
Comme le tétras, d'autres animaux tels les lièvres et les chamois sont affectés mais dans une moindre mesure, bénéficiant d'un habitat plus vaste, relève le professeur Arlettaz.
En tout état de cause, "le phénomène ne se cantonne pas à la Suisse et est identique dans toutes les Alpes", prévient-il, préconisant la création d'urgence de zones de refuge à proximité des domaines skiables.