NUSA DUA (AFP) - Ils perdent d'abord leur couleur éclatante puis se calcifient en un squelette fragile et se désagrègent: les coraux meurent à cause du réchauffement climatique et les experts ont lancé jeudi à Bali un nouveau cri d'alarme. Evènement
"Les conséquences sont là et c'est vraiment dramatique", a assuré à l'AFP Lida Pet Soede, directrice du programme pour les coraux au Fonds mondial pour la Nature (WWF).
"Les coraux blanchissent, puis ils meurent et s'effritent". Certains fonds marins ressemblent selon elle à des "déserts plats recouverts de fragments".
Le phénomène s'explique ainsi: le corail abrite des millions d'algues unicellulaires, dont les pigments lui donnent ses couleurs flamboyantes. Ces algues ne supportent pas l'élévation en cours de la température de l'eau.
Une fois les micro-algues mortes, le corail se décolore et se transforme en un squelette calcaire, d'où l'expression de "mort blanche".
"Nous sommes en train de précipiter une extinction massive", a confirmé à l'AFP J.E.N. Veron, un spécialiste des coraux de renommée internationale.
Les bancs de corail sont selon lui "le premier écosystème vraiment important destiné à disparaître en raison du changement climatique".
La mort des coraux a des conséquences immédiates sur la vie marine. "Les poissons ont besoin des structures (coralliennes) pour se cacher, pour se nourrir et se reproduire", souligne le Dr. Soede. A terme, les êtres humains sont donc également menacés.
Conscients du danger, six pays d'Asie du Sud-Est et du Pacifique ont lancé jeudi à Bali, en marge de la conférence sur le climat de l'ONU, une initiative commune contre la dégradation du "Triangle du corail", qui rassemble la plus importante biodiversité marine de la planète.
"L'Initiative pour le Triangle du corail" (CTI), soutenue par le WWF et l'ONG The Nature Conservancy, vise à mettre en place un réseau de zones marines protégées, à réduire les dégradations causées par les industries de pêche, à promouvoir l'éco-tourisme et à sensibiliser et aider les populations locales.
"J'ai le regret de dire que les ressources marines de nos pays et de nos régions sont menacées par le changement climatique, les ravages de la pêche et la pollution", a déclaré Freddy Numberi, le ministre indonésien des affaires maritimes.
Le "Triangle du corail" est surnommé "l'Amazone des mers". Il comprend les Philippines, la côte est de Bornéo (partagée entre la Malaisie et l'Indonésie), l'île de Sulawesi, l'archipel des Moluques, Bali et les petites îles de la Sonde, la Papouasie occidentale (Indonésie), le Timor oriental, la Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG) et les îles Salomon.
Ces régions représentent moins de 2% des océans mais contiennent 53% des récifs coralliens du monde et 76% des espèces coralliennes connues. On y trouve plus de 600 espèces de coraux et plus de 3.000 espèces de poissons. Les ressources marines contribuent à y faire vivre 120 millions de personnes.
Un tiers des prises mondiales de thons sont effectuées dans le "Triangle du corail".