OTTAWA (AFP) - Le Canada a autorisé lundi l'abattage de 275.000 phoques cette année, tout en adoptant une réglementation pour limiter les souffrances des mammifères pendant cette chasse annuelle qui suscite régulièrement des protestations des défenseurs des animaux.
Le ministère des Pêches a annoncé dans un communiqué que le "total admissible de captures (TAC) des phoques du Groenland pour 2008 a été établi à 275.000, sur un troupeau de plus de 5,5 millions".
Ce chiffre est supérieur au quota de l'an dernier, qui était de 270.000 phoques, mais il comprend un "report" de quelque 16.000 animaux pour les flotilles qui n'avaient pas atteint leur quota l'an dernier, précise-t-il.
Des organisations de défense des animaux, les Humane society du Canada et des Etats-Unis, ont aussitôt dénoncé ce quota qu'elles ont qualifié de "déraisonnable", reprochant à Ottawa de "céder aux intérêts commerciaux, sans le moindre souci de conservation" de l'espèce.
"Il est temps de mettre fin une fois pour toutes à ce massacre inutile", a déclaré Rebecca Aldworth, responsable de la branche canadienne de l'organisation.
Le ministère des Pêches a en même temps annoncé avoir accepté les recommandations d'un groupe international de vétérinaires préconisant une "méthode d'abattage sans cruauté en trois étapes".
Cette procédure sera mise en vigueur lors de la chasse de cette année, qui doit commencer dans les prochaines semaines, a précisé un porte-parole du ministère, Phil Jenkins.
Cette méthode prévoit qu'après avoir assommé le phoque avec un gourdin ou lui avoir tiré dessus, le chasseur confirme la perte de conscience en palpant le crâne ou en vérifiant l'existence d'un réflexe de la cornée, et enfin saigne l'animal en tranchant deux artères principales.
"Cela assure sans le moindre doute que le phoque est mort avant qu'il ne soit écorché", a expliqué M. Jenkins à l'AFP.
Cette mesure intervient alors que l'Union européenne envisage d'interdire l'importation et le commerce de produits issus de la chasse commerciale aux phoques pratiquée au Canada. La Belgique et les Pays-Bas notamment ont déjà décrété des interdictions, et l'Allemagne s'apprête à le faire.
M. Jenkins a affirmé que la mesure n'était pas liée à la crainte d'une interdiction des produits dérivés du phoque, notamment en Europe. "Nous travaillons là-dessus depuis 2005. Nous avons commencé avant les menaces d'interdictions", a-t-il dit.
Il a noté qu'un récent rapport de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) portant sur l'abattage des phoques, se prononçait aussi pour la méthode en trois étapes.
La chasse aux phoques est régulièrement dénoncée pour sa cruauté par des organisations de défense des droits des animaux ainsi que par des vedettes comme l'ex-actrice française Brigitte Bardot, ou l'ex-Beatle Paul McCartney qui s'était rendu sur la banquise il y a deux ans.
Le ministre Hearn a défendu la chasse en faisant valoir qu'elle constitue "un pilier économique pour de nombreuses collectivités côtières du Canada atlantique, du Québec et du Nord"
"C'est en pensant à ces gens que nous prenons nos décisions, sur la base des données scientifiques, afin de maintenir une chasse au phoque rentable et durable", a-t-il ajouté.
Il doit annoncer prochainement les dates d'ouverture de la chasse. Celle-ci commence traditionnellement à la fin mars dans le sud du Golfe du Saint-Laurent et se poursuit en avril au large de Terre-Neuve et du Labrador.